vendredi 23 janvier 2009

C’était le temps, le beau temps


C’était le temps de l’innocence, le temps de la naïveté en pleine effervescence ; c’était le temps, le beau temps, pas un seul nuage dans le ciel des rêveries, pas d’orages ; c’était le temps, le beau temps ; c’était le printemps de la vie…

Amoureuse d’une fille que je connaissais de loin, de très loin, que je connaissais et que je ne connaissais pas, un prénom, un visage, une lycéenne en tablier bleu, une adolescente, juste comme moi une farfelue adolescente… Amoureuse, je fermais ma chambre à clos ; je mettais la même chanson, toujours la même chanson, et je m’allongeais sur mon lit, rêveuse, amoureuse ; je m’allongeais et je me rappelais son visage, sa démarche et son regard ; je m’allongeais et je me sentais seule au monde ; je me sentais si placide et si heureuse… Et quand on frappait à la porte, quand on me réveillait de ce si beau rêve qui ne me coûtait rien, je sentais la rage grimper pour enfin atteindre mon regard qui ne savait pas cacher la vérité… Agacée, j’ouvrais la porte ; je demandais un peu de paix, puis je refermais ma tanière ; je remettais la même chanson, un air que j’aimais autant que je l’aimais elle…

La même chanson, un papier sur le bureau, un crayon, un petit dessin ou un poème à la con pour dire ‘je t’aime’, des lettres qu’elle ne lira jamais, et qui sommeilleront entre les pages d’un livre « Les Malheurs de Sophie », « Robinson Crusoé », « Gulliver », ou pire que ça, « Alice au pays des merveilles »… La même chanson, et j’avais presque treize ans ; des lunettes de vue pour mieux voir, des mains salies par l’encre ou l’aquarelle, et elle, j’avais qu’elle, elle hantait mes rêves, mes pensées, mon esprit… La même chanson, et je me rappelle que c’était si bon d’entendre la même chanson ; c’était aussi si con d’écrire la première lettre de son prénom sur la couverture de mes livres, mes cahiers, mon tablier, et mon pantalon…

Amoureuse, dingue amoureuse, je me tenais debout devant la porte du lycée, un walkman Maxwell, et des écouteurs, et la même cassette, et la même chanson ; j’attendais une éternité pour la voir passer indifférente comme elle était ; j’attendais et j’attendais et j’écoutais la même chanson… Amoureuse, dingue amoureuse, je la guettais de la fenêtre de la salle 11, qui donnait sur la cour ; une si belle créature, une si délicate rose qui ne se fanait pas, elle était… Amoureuse, dingue amoureuse, je haussais la voix dés qu’elle passait à côté de moi : une stratégie pour attirer son intention, une stratégie à la con puisque je racontais que des histoires à la con… Amoureuse, dingue amoureuse, toujours rêveuse, toujours ailleurs, j’accumulais que les punitions : les exclus, les convocations de parents, et, et, et la blâme de mes chers professeurs… Amoureuse, dingue amoureuse, je volais de la craie pour dessiner un cœur et deux lettres à l’intérieur… Amoureuse, dingue amoureuse, j’essayais de devenir l’amie de ses amis ; je leurs offrais des cadeaux ; je leurs passais les séries de maths, et je jouais le rôle de Mademoiselle Sait Tout, Mademoiselle Détient Tout…

La même chanson, et quand le fil de la cassette, pauvre cassette torturée se coinçait à l’intérieur de mon walkman Maxwell chéri, je faisais tout pour le retirer doucement, délicatement… Parfois le fil coinçais vraiment et il s’éraflait : un peu de colle, de scotch peut-être… doucement, je recollais ; je remettais la même cassette ; la même mais un peu abîmée ; la même chanson, et je souriais comme une imbécile, juste une enfant qui rêvait… Amoureuse, dingue amoureuse, je faisais un effort colossal pour l’impressionner : J’achetais toutes les magazines, et toutes les cassettes, et je regardais toutes les séries, et tous les films : juste pour « être à la page », et l’impressionner... Amoureuse, dingue amoureuse, j’assistais à toutes les fêtes et tombolas au lycée et je dansais comme une dingue en la poursuivant; je ne voyais qu’elle ; et je ne faisais que m’approcher d’elle ; je dansais, et je dansais « La Macarena » ; je dansais sur les rythmes de « I shot the Sheriff », et « Un, Dos, Tres, Maria »… Et quand je me fatiguais, je cherchais un coin pour se reposer et la regarder, juste la regarder, l’observer et la contempler… Amoureuse, dingue amoureuse, je l’aimais ; je l’aimais de loin, je l’aimais simplement, et je n’osais pas le dire ; je me contentais de l’aimer et de rêver…

Et quand elle s’approchait, je me figeais ; je cessais de baragouiner et de rêver; je fermais les yeux ; je sentais sa main frôler la manche de ma veste, et je sentais un plaisir, simple plaisir, énorme plaisir ; je sentais son parfum, et je risquais de m’évanouir… Amoureuse, dingue amoureuse, je rêvais ; je n’osais pas ; je dansais ; j’espionnais, je faisais l’Intéressante ; je rêvais… Je me rappelle cette innocence ; je me rappelle le temps de l’innocence, le temps de la naïveté en pleine effervescence ; c’était le temps, le beau temps, pas un seul nuage dans le ciel des rêveries, pas d’orages ; c’était le temps, le beau temps ; c’était le printemps de la vie…

Est-ce que j’ai changé ? Bon, bref, et ben, Non…

-Faithinlove-

3 commentaires:

BILLY a dit…

ya 7asraaaaaaaaaaaaaaaa mdrrrrrrrr!!!! cété le temps ou jété 1 con lol!!!!

bella_ragatsa a dit…

joli texte , j'adore l'originalité de l'idée ; je savais pas que tu deviens mimi quand t'es amoureuse mdr

sara a dit…

voila un texte que je n'ai pas eu le courage d'ecrire , tu l'as si bien ecrit .
j'ai l'impression que ce texte vient de moi , tellement ca ressemble a une histoire que j'ai vecu , mais c'est bien le tien , d'ailleurs tu ecris bien mieux que moi .
non je n'ai pas encore eu le courage d'ecrire cet article , je n'ai jamais eu le crourage d'ecrire un article qui parle de mon homosexualité .
dernierement j'ai pu en parler a une copine mais je ne sais pas si j'aurai un jour le courage d'en parler haut et fort , de reveler ce secret a tout le monde et de vivre ma vie au grand jour et d'emmerder tous ceux a qui ca ne plait pas .
enfin bref , je voudrais juste te dire que j'adore ton blog et ta maniere d'ecrire .