dimanche 12 avril 2009

L’ange déchu s’accroche au ciel


L’amertume

Un goût fort et désagréable qui revient sans cesse pour me prendre les lèvres par surprise, et m’embrasser avec violence. Cette amertume, que je fui sans cesse, comme elle revient sans cesse, est semblable à un ange qui me trompe par une si belle lueur, m’attire, et me promet de ne plus jamais souffrir ; et à la fin, je me rend compte que l’ange est un ange déchu, Satan, fait de feu et de souffrance, fait de peine et de regret. Mes sens me trompent toujours ; je vois le feu et je le prend pour de l’or ; je vois les pierres et je les prend pour des diamants ; mes sens me trompent toujours ; et j’ai l’aveuglement des artistes, et l’aveuglement des anges déchus aussi ; je m’obstine à résister, à croire, et à espérer, et comme de la cire, je fond, je me consomme, je brûle, et je m’évanoui. Sans elle, cette amertume, je ne pourrai jamais survivre ; sans ses baisers acerbes, et ses morsures, mon corps ne se sentira jamais vivant… Alors, merci pour toute l’amertume…

La jalousie

Un rose jaunâtre dans un bouquet de couleur rouge ; et le rouge est mortel comme la passion funeste ; et le jaune est pâle comme le visage de la mort dans un bouquet empoisonné. La jalousie ne peut jamais subsister sans la passion funeste ; elle vient ; elle envahit ; elle coule dans nos veines ; un venin jaunâtre qui se mélange à notre sang ; et enflamme notre corps ; une fièvre périlleuse ; une choléra qui se répand partout, et on est que perdu, perdu à jamais. Rouge et jaune, alliance néfaste, un élixir amer; et qu’est ce l’amertume si ce n’est pas un ange déchu, trompeur et fourbe ? Et je la vois cette rose jaunâtre glisser dans tous les bouquets des amoureux et des passions néfastes ; elle glisse ; elle efface les deux cœurs et dessine un autre tableau, celui du visage de la mort dans un bouquet empoisonné… Alors, merci pour le bouquet empoisonné…

La passion

Etant la religion des anges déchus, la passion est un enseignement ; elle devient vitale, indispensable, et engendre la déchéance des petits diables qui croient en amour. Lors de ma descente du paradis, je me suis aveuglée par l’enseignement des démons et des incubes ; la passion m’est devenue vitale et indispensable pour me préparer à la grande déchéance. Vaut mieux tomber du septième ciel quand on est parfaitement aveugle, incapable de discerner l’ampleur de notre châtiment. On tient la passion, si délicieuse comme une pomme interdite, dans une main ; dans l’autre, on a que du vent, et toute une vie d’ange déchu. Une fois sur terre, on commence à avoir la rage au ventre ; on commence à devenir aliénés ; et on transforme toute notre colère en un pouvoir absolu qui nous aide à régner sur les petits hommes sans jamais les aimer.

Un ange déchu pas comme les autres

Je me souviens de mes déchéances et de mes déceptions, de mes descentes violentes pour enfin venir s’écraser sur un rocher, ou au milieu d’un océan. La traversée des cieux est si déchaînée ; et on se sent comme un astéroïde embrasé ; on perd les ailes ; on oubli le temps et on perd la notion de l’espace ; et on sert les dents et on ferme les yeux et on attend, et on attend, et encore et encore, on attend le grand impacte, la collision : un choc qui ne tue pas mais qui durcit notre peau : des diables, on est ; des anges déchus qui payent le prix de leur obstination, de leur bravade, de leur courage, le prix d’un Non qu’on lance en plein visage du désespoir, de la captivité… Je suis un ange déchu, mais pas comme les autres ; je tombe, mais je m’obstine à revenir au paradis ; j’adore vivre dans le ciel, dans le rêve peut-être ; et malheureusement je retombe… Ma vie a été une suite de déchéances, un mi-ange, un mi-démon, une créature chassée de la terre et du ciel, châtie pour sa simple croyance en amour, simple contestation des anges, des démons, des hommes et des dieux.

-Faithinlove-

samedi 11 avril 2009

Ma seule et unique déité est la femme

Eustache Le Sueur, Le Viol de Tamar


Je regarde le ciel gris, et je me perds ; mon esprit me fuie pour violer l’au-delà. Comme un phallus qui se prend pour le centre du monde et la source du savoir, mon esprit tordu pénètre le vagin des dieux. Et oui, les dieux ont perdu leur virginité, le jour où cette couche qu’on appelle l’Ozone (Amazone) a été transpercée par la saleté humaine.

Je retrouve la mémoire, celle de mes ancêtres, femmes dures, femmes braves : une dame en Mellia, assise parterre, me regarde. Quelques larmes lui échappent et pleuvotent pour se mélanger avec la pâte : Ce soir son mari mangera du pain salé… Une autre dame, debout au milieu de nulle part, tremble ; il fait si froid, mais la peur et l’embarras font trembler plus que le froid lui-même. Elle me regarde ; elle pleure ; quelques larmes lui glissent sur la joue, et tombent arroser le sol ; ce soir, elle passera la nuit dans les champs et dans quelques mois, son mari, qui l’a jeté dehors, récoltera du blé salé….

Les dieux ont perdu leur virginité, des dieux violés par les hommes qui continuent à éjaculer leur saleté afin féconder les cieux, et par conséquent assurer la continuité de la race humaine. Toutes les divinités tombent enceintes ; et toutes les divinités accouchent des bouddhistes, des juifs, des musulmans, des chrétiens, etc… etc… Certaines divinités, regardées de travers par d’autres divinités et par les hommes aussi, n’ont pas la chance de donner naissance à des Hommes (Masculins, Phallusiens, Tour de Pise) ; elles donnent naissances à des Femmes (Féminines, Vaginicienne, Grottes, simples excavations). Tout est question de sperme et de spermatozoïdes; mais, malheureusement les hommes ne reconnaissent pas que leurs phallus, grands ou petits, peuvent libérer ce genre de XX féminins.

Et gare à un dieu qui fait l’erreur de coucher avec un homme hors le lien du mariage ! L’enfant ne sera pas reconnu par le genre humain, et les cieux trépideront pour se débarrasser de ce dieu vicieux et débauché, pute ! (les hommes diront). Et gare à un dieu qui vend son corps pour acheter son pain ; vaut mieux mourir de faim que vivre avec l’argent de la prostitution. Un dieu prostitué risque d’être emprisonné, puni, et brutalisé par le genre humain, genre droit et scrupuleux. La punition de la race humaine peut devenir plus brutale envers les dieux lesbiennes, des dieux qui refusent catégoriquement l’accouplement avec les Hommes, des dieux qui se sentent supérieurs au genre humain, et sont, par conséquent, trop fiers pour accepter la saleté des Hommes en eux, et donner du plaisir à une race non-divine, inférieure.

Les dieux saignent ; être pénétré n’est jamais facile : Il faut s’épiler avant l’acte, et vivre l’angoisse, et la violence, et la douleur, et s’attendre au grand jour du viol, au grand jour de la pénétration, au grand jour attendu et espéré et fêté, et oublié après la première nuit. Après la première pénétration, les dieux s’habituent au viol et se donnent une fois, deux fois, trois fois… La pénétration devient une habitude lassante qui ne procure aucune sensation, même pas l’angoisse, même pas le plaisir…

(A mes yeux, les femmes sont les seules divinités qui existent, et c’est si laid et offensant d’entendre les Hommes parler d’elles comme simple objets sexuels, nécessaires pour assurer la continuité de la race humaine).

-Faithinlove-

jeudi 9 avril 2009

Réinventer la Médina-Femme (Tunis)


El Biban (Les Portes)

La Médina, ce vieux cœur de Tunis, un cœur qui bat encore malgré les années et les intempéries du temps et de l’espace, un endroit que j’aime autant que je haie. Cette Médina est toujours belle avec son affreuseté cachée, sa cruauté dérobée derrière la somptueuse architecture : des portes et des portes qui ne se ferment jamais, et qui ne s’ouvrent jamais, des portes qui ressemblent à des portes et qui ne portent aucune signification dans un espace perdu au milieu de la soi-disant modernité. Bab Bhar, Porte de la Mer, qui nous rappèle que la mTunisieer chatouillait, auparavant, les pieds nus de l’actuelle capitale qui n’était pas capitale. Bab Bhar, ce portail envahit par les vendeurs ambulants, et les taxis Algériens, les friperies, et les cafés, un ancien vestige au centre d’une réalité détériorée. Bab El-Kadhra ; et les portes se suivent, une après l’autre, Bab Aasal (et aucune rose ou abeille en vue), Bab Saadoun (et qui est Saadoun ?), des portes et des portes et des gens qui passent, se bousculent, et attendent, et achètent et vendent et ne font jamais attention aux portes : Les portes aujourd’hui ne représentent plus des passages ; elles marquent le lieu, une adresse peut-être…

Mé tdo99èch !!! La porte est ouverte et fermée!!!!

El Biban, ces bibans qui ressemblent à des portails sont comme plein d’autres vestiges ; elles ont perdu leur utilité et fonction ; elles ne protègent plus la Médina ; elles ne se ferment pas ; elles ne s’ouvrent pas ; elles sont des Bibans et Akahaw ! Des traces, des ruines qui évoquent un temps passé, une civilisation parmi d’autres, la touche Arabo-Musulmane, touche finale, mais aussi touche fatale. Ces Bibans avec leurs A9wess (arcades) me rappèlent son visage : ses sourcils, ses yeux, son sourire, ses belles formes, son corps et toutes les courbes et les virages et je me perds dans une Médina femme, différente de la Médina, une médina femme avec ses souks qui refoulent de délices enchanteurs, un goût à la tunisienne : une peau bronzée couleur de miel, une chaleur qui se dégage avec un parfum inoubliable, un été dans les yeux d’une femme, une autre Médina plus majestueuse que la Médina, une Médina qui a préservé sa beauté entière et son architecture unique : Des Biban qui s’ouvrent et se referment, des lèvres qui s’ouvrent et se referment pour dire un mot, quelques mots peut-être et un mot peut nous tuer, et un autre peut nous ressusciter ; des dômes et des arcades, des seins si doux qui se balancent comme deux arjoun de Degla, un ventre de danseuse orientale qui ressemble à la pleine lune, des fruits interdits, mais aussi des fruits si succulents et appétissants…

L’enfant et les Bibans : Oskot !!!

« Avance et Osket (la ferme)! », je me rappèlent les mots doux de ma chère mère qui m’emmenait avec elle vers la fin du mois de Ramadan aux souks, prés de Bab Bhar (Porte de la Mer qui me rappèlent sûrement la douceur de ma mère). Aller à la Médina était mon pire cauchemar qui commençait dés qu’on franchissait, ma mère et moi, la Porte de la Mer et s’enfonçait dans les étroites ruelles des Souks. Mon pire ennemi était la foule et tout ces vendeurs qui criaient, comme si leurs cris pouvaient les aider à se débarrasser de leurs marchandises invendables. Enfant, au cœur de la Médina et dans ses ruelles, je cherchais les visages qui se cachaient derrière le Barmakli. Etrange est cette Médina ; elle exhibe sa laideur et dissimule sa féminité. Des femmes en Sefsari apparaissaient de temps en temps. Un Sefsari que le Leader Bourguiba lui-même abhorrait, un Sefsari qui sait très bien comment cacher la plus belle architecture et les plus belles formes au monde. Qu’il soit en soie, ou simple tissu à deux centimes, je détestais ce Sefsari, et cette tendance à dissimuler toute la splendeur de la Tunisie : La femme.

Ma mère, qui n’avait aucun sens d’orientation, se perdait facilement dans la grande Médina, et par conséquent, je me perdais avec elle (enfin, je me perd toujours avec Elle). Elle demandait le chemin aux vieux patriarches de la Médina qui, en compagnie des poubelles jetées ici et là, ornementaient les trottoirs et les passages. Toujours les mêmes gestes et les mêmes réponses : chaque vieillard la jouait savant ; il ôtait sa chachia, couleur tomate traînée dans la boue, comme s’il cherchait une carte de la ville sous sa coiffe, une coiffe qui cachait des idées et des traditions traînées dans la boue, plus sales que la saleté ; il regardait à droite, puis encore à droite, puis il répondait : « Côté Bab Saadoun », « Prés de Bab El Khadra », « Tout droit vers Bab Aasal », etc… Les Biban étaient les repères, les Bibans sont encore les repères, et grâces au vieux, on retrouve toujours les repères, pourvu qu’ils soient les justes…

Le Sultan de La Médina et Tabachir

« Saint Marabout, Sidi Mehrez ya wkhay, Sultan de la Médina réalise mon vœux et déshabille les habillées et dissimulent les poubelles et les patriarches de la Médina, Saint Marabout, Sidi Mehrez ya wkhay, libère les Schéhérazades de tes Harems Ya Sultan, et mets fin à cette injustice qui a duré plus que mille et un siècles ; efface le moustaches des moustacheux, et change les Dengri, Jebba, et chechia en quelques chose de plus présentable. Ah, Saint Marabout, Sidi Mehrez ya Wkhay, Sultan de la Médina, exerce tout ça et ne t’inquiète même pas au sujet de mes études ; je réussirai avec ou sans ton aide. Et avant d’oublier, demande aux vieilles femmes qui se positionnent comme des guerrières prés du puit bénit de ne pas me donner à boire ; je n’aime pas cette eau, et je n’ai pas soif »… « Saint Marabout, Sidi Mehrez ya Wkhay, j’écrirai un prénom avec le Tabachir (craie) sur le portail de la mausolée, celui d’une fillette, alors fais qu’elle pense à moi comme je pense à elle, et si tu peux (bon, ils disent que tu peux) fais qu’elle m’aime comme je l’aime… Et rappèlent toi, je suis une gentille fille qui grandira un de ces jours et qui n’oubliera jamais tes services et viendra te visiter, te laisser de l’argent, t’offrir des bougies, réciter El Hamdou Lellah, et dessiner sur ta porte (ton Bab) quelque chose avec le Tabachir»…


Un mot dédié aux Biban

J’ai toujours détesté les bibans, et baba, et el-Bab, et El-Aatba, et les accès et les entrées… Les portes limitent l’espace, et diminuent notre liberté de mouvement… La médina n’est que des vestiges qui ne protègent plus la population mais plutôt les idées flétries, les traditions pourries, les normes du plus fort, et du plus bête ; elle restera toujours un lieu que je haie, et parce que je le haie, je le réinvente ; la Médina se réincarne en femme, une femme belle, surprenante, nue, toute nue ; une femme qui aime exhiber ses formes, et ses trésors, qui se donne comme un délice par amour et pour le plaisir d’un corps, de deux corps enflammés par les désirs, du feu, un incendie, une Médina volcan, mais une Médina vivante, exquise et attrayante. Ma médina est féminine ; elle me prend entre ses bras, me fais danser comme une flamme au milieu des vents, une flamme immortelle, aussi immortelle que Eve, aussi immortelle qu’une femme qui renaît chaque jour plus puissante et plus majestueuse, la plus grande Médina, la plus grande civilisantion, et la plus grande histoire.

-Faithinlove-

mercredi 8 avril 2009

Deux déesses et à nos pieds la fourmilière


J’ai tant essayé de comprendre ce monde, et j’ai tant essayé de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles expériences et de nouvelles histoires. J’ai toujours considéré ce petit monde comme un bouquin de pages infinies ; une lecture perpétuelle, un exercice continu, fatiguant, mais intéressant, un exercice capable d’assouvir ma curiosité si agaçante qui renaît de ses cendres comme un phénix chaque fois. Le monde, ce petit monde, fait de moi, d’eux, de milliards de gens, et par conséquent de milliards d’expériences, un monde de différences, un monde riche avec ses civilisations, ses histoires, ses six continents, et ses centaines de pays.

Avec le temps, j’ai appris les techniques du « voyeurisme », regarder de loin, écouter, tout absorber comme une éponge, et jamais intervenir. Grâce à cette stratégie de génie, une stratégie qui a été crée par d’autres et simplement adopté par le petit être que je suis, j’ai connu des gens qui ne m’ont jamais connu ; j’ai entendu des secrets qui ne m’ont été jamais dévoilés ; j’ai appris des expériences que j’ai jamais vécu, et j’ai commencé à changer ma perception du monde, de la foule, des gens. Au fil années, je me suis aperçue que je suis au milieu d’une grande fourmilière : chaque fourmi est plus insignifiante que l’autre ; on peut l’écraser facilement ou la voir entrain d’être écrasée.

Des fourmis qui travaillent pour cautionner leur pain ; des fourmis qui se bousculent pour atteindre la fourmilière avant les autres ; des fourmis qui rêvent de devenir « reine fourmi » ; des fourmis qui se battent pour survivre, des fourmis qui se détestent parce qu’elles n’ont pas la même couleur, ou la même apparence ou appartenance : des fourmis rouges, d’autres noires, d’autres jaunes ; mais, toutes fourmis ! Toutes fourmis !!! Et moi, la « voyeuriste » qui regarde tout, qui s’amuse à tout découvrir dans le monde-fourmilière. C’est amusant de guetter et épier toutes les fourmis, même celles qui se cachent dans les trous les plus creux de cette terre ; c’est amusant de se sentir comme le centre du monde, le centre d’une fourmilière où tout bouge et moi, moi je regarde ; j’observe ; et je me hausse au-dessus de cette petite foule.

J’ai appris à me hausser, à monter, à m’élever au-dessus des coutumes, des normes et comportements des petits insectes qui envahissent cette terre de partout ; je me hausse grâce à ma foi en amour et mon respect de l’humanité. Certains sont des fourmis, simple nuisance ; certains sont des humains, des vrais géants qui savent se respecter et respecter l’autre. Et moi, je préfère faire partie de l’humanité à faire partie d’une fourmilière où tous les insectes sont incapables de voir plus loin qu’un caillou. Je préfère demeurer géante dans mon humanité, et ma foi en amour ; je préfère voir plus loin que les océans et les montagnes, plus loin que les continents…

Géante je demeurerai ; ma main reposera toujours dans la sienne, ma chérie, une lueur d’espoir, un bonheur inouï, nous deux, plus immenses et plus fortes grâce à cet amour qui grandit jour après jour. Géante je demeurerai et de ses yeux à elle, je volerai le feu pour brûler les fourmilières, et réchauffer les cœurs, et purifier les âmes aveuglées par la haine, et l’envie.

Je t’aime ; et grâce à toi : être suprême, femme idéale, je reviens à la vie, Faith plus que jamais « in love ».

-Faithinlove-