lundi 16 mars 2009

Un petit moineau errant


Je ferme mes yeux et j’aperçois son image si vivace ; elle est là ; elle me regarde ; elle me sourit ; elle s’approche et je m’éloigne ; je laisse ma fantaisie derrière et je reviens à ce monde, le réel, l’existant ; je reviens à mon café ; je bois ce qui reste à petit coups comme j’ai bu l’amertume le long de ma vie. C’était un long chemin truffé de déceptions, de bons moments, et les bons moments n’étaient q’un petit morceau de sucre qui venait alléger le chagrin quotidien.

J’ouvre mon journal ; il est illisible ; ici dans ce pays, on adore créer une langue à partir de la langue, et à la fin on a notre propre Arabe, notre propre Français, notre propre Anglais. Avec une touche locale, une langue devient autre ; un journal devient illisible, et nous, on devient un peu ridicule, un peu stupide, mais on reste absolument Tunisien. La fantaisie m’envahit à nouveau et je plonge dans le fictif… Elle revient, si belle comme elle l’a toujours été ; elle revient un sourire, et un regard ; elle revient ; elle me touche la main et je plonge d’avantage dans une chimère succulente. La fantaisie m’emporte de plus en plus loin, au-delà des nuages, ailleurs ; je savoure l’utopique ; elle est là, un sourire et un regard, un effleurement qui ramène mon cœur à la vie.

Une chute fatale ; je reviens au monde réel, et elle part ; le téléphone sonne ; quelqu’un frappe à la porte ; mon voisin hurle comme un dingue ; la tasse de café tombe par terre ; je me lève ; je frotte les yeux ; je redeviens aveugle et je n’arrive plus à l’apercevoir ; je me dirige vers la salle de bain ; je me lave le visage ; je referme mes yeux ; j’attends qu’elle revient, mais hélas… Depuis toujours, elle vient et elle part ; elle dessine un sourire et efface un éclat ; elle allume un feu et étrangle une lueur ; elle vient et elle part ; je l’attends comme une enfant qui s’obstine à attendre, à valser en cercle ; et à répéter le même poème ; un poème que je retiens depuis toujours ; que j’ai appris par cœur sur le rythme de chaque battement de cœur…

Le monde réel est si laid ; il ressemble à l’image de mon grand-père ; un vieillard, un patriarche qui se prend pour un roi et un divin et qui impose et qui inflige. Mon grand-père se penche toujours à droite ; il adore les lignes droites et les chemins droits et il voulait m’inculquer les pensées de la droite en espérant que je trouve le chemin droit. L’odeur du jasmin se lève ; une odeur qui revient et qui ramène mon grand-père à la vie. Il est assis sur une chaise en bois avec le livre sacré entre ses mains ; il me demande de réciter une Sourat ; je tremble de peur et je fixe sa main droite ; je récite ; le premier verset, le deuxième ; une erreur, un trou de mémoire ; il lève sa main droite et me gifle violemment…

Je reviens au présent ; tout est rangé à gauche ; je me penche à gauche, maladroite, embarrassée, timide, balourde, engourdie, simplement gauche. Et elle… elle vient pour partir, et revient pour repartir ; elle me laisse suspendue entre réel et fictif, entre vrai et faux, entre deux, entre passé et présent… et je ne fais que attendre ses visites surprises, des moments d’évasion… et je m’envole comme un petit moineau et je survole le monde et je m’élève, un si petit moineau qui vise le soleil, qui aime se brûler les plumes, et se transformer en un nuage de cendre.

(J’ai perdu ma muse… On m’a dit qu’elle ne reviendra jamais… Un con a dit qu’elle ne reviendra jamais ; peut-être parce qu’il voulais tant qu’elle ne reviennent jamais…)

-Faithinlove-

1 commentaire:

BILLY a dit…

cé ki ce con??????????